Depuis plus de 30 ans, le gouvernement tunisien s’efforce d’entrer dans l’ère industrielle… et de maîtriser le cycle de la production d’acier. Pour la Tunisie, elle a prouvé au monde qu’elle en était capable dès le départ, d’autant plus qu’une partie de la Dame de Fer parisienne est en… fer tunisien.
Al Foulédh a été encouragée à devenir le fleuron de l’industrie tunisienne, à coup de milliards, de monopoles et de privilèges : résultat décevant, grosses pertes inutiles pour le contribuable.
La nature n’aimant pas le vide et face à l’échec durable d’Al Fouledh, de courageux capitaines d’industries tunisiens avaient pris le risque d’engager leurs économies afin de combler le manque en la matière. Pari gagné pour eux- Notons aux passages qu’ils auraient pu tout perdre- ils se sont enrichis malgré les restrictions quasi-communistes imposées par l’Etat.
Lakshmi Mittal n’aurait jamais pu construire l’empire indien de l’acier si l’Etat lui avait imposé des petites marges voir de vendre quasiment à perte.
L’expérience tunisienne n’a rien apporté de nouveau aux étudiants des grandes écoles pour comprendre pourquoi les industries d’Etat nuisent au contribuable, en revanche elle pourrait leur apprendre à mesurer l’impact d’un Etat indécis en la matière.
La Tunisie peut arriver à un équilibre durable en matière d’acier et de rond à béton, elle peut même arriver à conquérir des parts de marchés à l’international, il suffit de produire la matière première sur place pour tous et pas que pour Al Fouledh, le cancre de la classe.
Vingt ans que l’Etat tunisien tergiverse quant à la création d’une aciérie capable de produire de la billette(La matière première du rond à béton), vingt ans d’échecs ; nous aurions pu nous attendre à ce que ces échecs poussent les autorités à autoriser, voir encourager le secteur privé à « faire le nécessaire » : Que nenni.
Une aciérie aurait garanti un prix local acceptable de la billette, ce qui aurait sorti la Tunisie du joug du dictat des marchés internationaux et aurait permis au contribuable de gagner en pouvoir d’achat à la place de payer pour combler le déficit d’Al Fouledh.
Viendra le jour où le mystérieux dossier de l’aciérie made in Tunisia sera ouvert … que tous ceux qui ont bloqué ce projet national pour des raisons personnelles commencent à trembler.
Sans une aciérie le secteur privé importe la billette qui coute de plus en plus cher alors que le dinar ne cesse de se déprécier : Mesdames et Messieurs la billette devient un luxe et nous l’importons pour fabriquer du rond à béton ; ce même rond à béton que nous voulons acheter à bas prix.
Si le contribuable veut du rond à béton à un prix « acceptable » au vue de la moyenne des salaires tunisiens il devra être franc et cohérent avec lui-même : comment faire ? installer les guillotines et faire appel à Robespierre ? demander à l’Etat de subventionner le rond à béton pour certaines catégories sociales ou certains secteurs ? exiger la baisse de la T.V.A de 19 % à 7% ? notons au passage que la T.V.A est subie par le consommateur final qui contribue également, de par ses impôts, au déficit d’Al Foulédh.
Le fait est qu’à ce jour le secteur privé est dans l’incapacité d’importer la matière première aux prix imposés par les marchés internationaux, car aucune institution financière qui se respecte de financer des opérations vouées à une perte quasi certaine … et parce que la loi tunisienne interdit de vendre à perte : dans pas longtemps il n’y aura plus de rond à béton et l’État devra en importer aux prix internationaux … et en vendre au prix homologué : le contribuable n’est pas sorti de l’auberge. À suivre.
M.A