Incontestablement l’arrivée de Félix Tshisekedi à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), en 2019, est une rupture nette avec le ronronnement de son prédécesseur Joseph Kabila. Et ça a fait beaucoup de bien au pays. C’est Tshisekedi qui a imposé à la Chine la renégociation des contrats miniers paraphés par l’ancien régime et très défavorables aux intérêts de la RDC. C’est lui qui a exigé des partenaires étrangers qu’ils équilibrent les relations en contribuant davantage au développement du pays. C’est l’actuel président qui a décrété la fin de certains monopoles étrangers pour avantager la production et l’industrie locales. La prochaine bataille de Tshisekedi c’est le financement de l’Etat par ses propres ressources et les moyens ne manquent pas…
La RDC est trop dépendante des financements étrangers pour assurer ses dépenses d’investissement et de fonctionnement, le chef de l’Etat veut inverser la tendance. Le plan acté par les autorités projette de porter à plus de 50% à l’horizon 2030 la contribution étatique dans les investissements nationaux. C’est ambitieux. Dans un premier temps le gouvernement déboursera 4202,4 milliards de francs congolais (1,5 milliard de dollars) sur fonds propres, pour les dépenses d’investissement en 2024.
Clairement Kinshasa veut rompre avec le modèle classique qui n’a fait avancer en rien le pays depuis la fin de la colonisation : des infrastructures d’éducation et de santé financées par des bailleurs étrangers, des prêts dont les intérêts sont de plus en plus élevés, si ce ne sont pas de douloureuses concessions exigées par les créanciers (main basse sur certaines ressources naturelles).
D’après le Fonds monétaire international (FMI), en 2022 quelque 90% des investissements dans la santé, soit près de 1273,4 milliards de francs congolais, ont été faits par des bailleurs internationaux. Idem dans l’éducation. Comment faire autrement quand les recettes fiscales ne pesaient que 11,5% du PIB formel en 2022 contre 23,4% en moyenne en Afrique subsaharienne ?
Pour monter en puissance le gouvernement mise sur les 3703 milliards de francs congolais générés par la politique fiscale cette année, une nette hausse au premier semestre, et sur les 499 milliards de CDF provenant de la renégociation d’un contrat minier sur le cuivre (Sicomines). Il est aussi question de dégager un montant global de 714 millions de dollars versés par le FMI en 2021. Reste à connaitre les arbitrages pour chaque secteur.
Les investissements devraient être orientés principalement vers les infrastructures routières. La RDC, 2e pays le plus grand d’Afrique, est nichée dans un carrefour stratégique, entre 7 pays, Elle doit progresser dans ce sens pour sortir de la proéminence du secteur minier. On peut également évoquer le «Plan de développement local 145 Territoires», qui cible les infrastructures sociales dans plusieurs zones pour dynamiser les économies locales et créer des emplois.
Le gouvernement escompte jusqu’à 5,5 milliards de dollars de revenus avec Sicomines d’ici 2040, si les cours du cuivre restent hauts. Bon, c’est très consistant mais il faudra collecter beaucoup plus. Entre 2022 et 2029 les autorités prévoient 46,5 milliards de dollars pour l’investissement. Pour le moment les bailleurs internationaux sont incontournables, mais dès 2025 la contribution de l’Etat congolais devrait dépasser celle des partenaires étrangers, doublant presque vers 2030…
Le reste du chemin vers le développement ce sont les talents locaux qui le feront.