Il y a des situations qui nous laissent sans voix face aux décisions et aux choix de plusieurs responsables dans nos différentes agences.
L’exemple le plus frappant et le plus repoussant vient du Centre national de pédagogie (CNP), qui est chargé de fournir aux apprenants leurs besoins en manuels et cahiers scolaires.
C’est la commission publique d’échange, présidée par le gouvernement, qui a constaté un certain nombre d’irrégularités et d’erreurs de procédure dans la transaction avec un imprimeur turc, suite à l’appel d’offres international pour l’impression des livres de la prochaine rentrée scolaire, et a appelé au procès-verbal de l’accord signé avec la Turquie soit renvoyé au ministère de l’Éducation pour examen lors d’un conseil ministériel à l’avenir.
Et pourtant, le PDG du CNP s’est aujourd’hui envolé pour la Turquie (voir fax du billet d’avion), accompagné de plusieurs responsables de son organisation dans le but de boucler une opération d’impression d’environ 13 millions de manuels.
Rappelons que l’impression de ces manuels scolaires, prévue pour la rentrée prochaine, fait l’objet d’un litige entre les imprimeurs tunisiens et le CNP, après que le ministère de l’Education a décidé de lancer un appel d’offres international à ce sujet.
Les différentes offres de ces imprimeurs n’ont pas convaincu CNP, qui a alors choisi cette mesure et l’appel d’offres en question est allé aux imprimeurs turcs. Cela provoqua un mécontentement général parmi nos imprimeurs et une polémique généralisée.
Car, selon le journal « AlChourouk », la décision d’imprimer des manuels scolaires tunisiens en Turquie est bien avant le lancement de l’appel d’offres international.
Cela, selon une enquête du journal, était dû à un « complot » d’un groupe corrompu influent au sein du ministère de l’Éducation toujours actif, qui a conclu des accords avec deux imprimeries basées en Turquie à Ankara, avant la réunion. entre les imprimeurs tunisiens et les responsables du ministère chargés de la publication du cahier des charges et du lancement de l’appel d’offres. Concernant les sociétés étrangères retenues pour cet appel d’offres, il s’agit de « TN » (Turquie) pour 42,4 millions de dinars (MD), « KurZ » (Turquie) pour 42 650 MD, une société saoudienne pour 43 375 MD et une société italienne pour 44 700 MD . Seules deux entreprises turques remplissaient les conditions de cette offre.
Pour les imprimeurs tunisiens, il est proposé d’ajouter un montant de 34,9 MD à la compensation pour un total de 50,9 MD dont il faut déduire 7 MD de TVA. Cela donne une facture nette de 43,9 MD très proche des propositions turques.
De son côté, l’Organisation nationale de protection des produits tunisiens s’est également opposée à cet appel d’offres, arguant que l’impression de manuels scolaires tunisiens à l’étranger pourrait nuire aux entreprises tunisiennes opérant dans le secteur. Samir Graba, président de l’Office national de production du livre scolaire, a alerté l’opinion publique, au début du mois, sur cette situation inédite, évoquant la possibilité de voir la rentrée scolaire interrompue à cause d’un manque de manuel scolaire. 13,5 millions de livres doivent être imprimés d’ici septembre prochain par le CNP.