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Tunisie
mercredi, juillet 24, 2024

La vente de médicaments sans ordonnance, l‘abcès à crever pour soigner la santé

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En Tunisie, La vente de médicaments sans ordonnance (V.M.S.O) a été banalisée au point de passer inaperçue, on n’en parle plus, même quand le secteur est mis à mal. C’est malheureux à dire, mais en Tunisie il est désormais normal de « se soigner » tout seul, à la pharmacie, sans passer par un médecin.

Notre devoir d’alerte nous oblige à attirer l’attention, aussi bien des autorités que du public, afin de le sensibiliser aux ravages causés par cette consommation abusive de médicaments.

La V.M.S.O ou la prise de médicaments sans ordonnance est choquante, dangereuse et constitue le dénominateur commun des principaux maux dont souffre le secteur de la santé, à savoir :

  1. Le manque de médecins dans les régions : Si les médecins n’ont pas envie de s’installer dans les régions, c’est aussi à cause de la vente de médicaments sans ordonnance. Ils n’y vont pas tant que l’on n’a pas besoin d’eux pour se soigner.
  2. La relation de confiance médecin-malade passe aussi par l’ordonnance, en effet, s’il est possible d’acheter simplement un antibiotique ou un corticoïde à la pharmacie d’en face, pourquoi aller consulter un médecin ?, d’ailleurs, à quoi sert ce médecin au fond ? Un pays où les médicaments sont vendus sans ordonnance, n’accorde pas de place aux médecins au sein du système de santé. La vente sans ordonnance des antibiotiques, des corticoïdes…etc. contourne la première ligne de soins dont on parle tant, la rend poreuse, inefficace, et la ridiculise.
  3. L’état de santé du citoyen est aussi mis a rude épreuve tant l’apparition de germes multi-résistants est devenue dangereuse, les cas d’infections nosocomiales se multiplient, ce dont témoignent les études et rapports spécialisés qui ne manquent pas. Par ailleurs, la décapitation des pathologies infectieuses ainsi que le retard au diagnostic de certains cancers, sont intimement liés à la V.M.S.O. Tant que les médicaments sont aussi facilement disponibles en pharmacie, le Tunisien restera mal soigné. Car traiter les symptômes, ce n’est pas traiter la maladie. Un pays qui respecte et protège ses citoyens, ne permet pas la vente sans ordonnance d’antibiotiques, de corticoïdes et d’autres médicaments. Tout cela aboutit souvent à des complications sérieuses qui sont alors examinées par le médecin en urgence, dans des services d’urgences encombrés par des patients qui consultent après avoir essayé des médicaments de leur choix ou vendus par des apprentis-préparateurs désireux de faire du chiffre, ce qui illustre bien l’absurdité de consulter après toute prise d’antibiotiques, de corticoïdes …..Etc.
  4. Sur le plan économique, la surconsommation de médicaments représente un surcoût pour l’état, les ménages et les caisses, car il s’agit souvent de médicaments importés, donc payés en devises, et au final, remboursés par les collectionneurs de vignettes. Ce qui, en passant, dégrade aussi l’image du médecin qui finit souvent, et bien, malgré lui, par avaliser la prescription de l’apprenti-préparateur, afin de rendre service à un malade qui ne le respecte pas plus pour autant.
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Quant à la TVA, le fait d’appliquer la loi réglementant la vente des médicaments uniquement sur ordonnance, va entrainer une hausse du nombre de consultants et don, également de la TVA.

La V.M.S.O n’est-elle pas le plus grand mal qui ronge l’état de santé du citoyen, son budget ainsi que celui de l’État, et court-circuite le médecin censé représenter la cheville ouvrière du système de santé ?.

Lors de la récente pandémie du Covid-19 des Pack Covid ont été proposés par certains pharmaciens avec des antibiotiques et des corticoïdes ceci sans ordonnance ni tests, INCENSÉ . . . ! ! ! ? ? ? .

Il suffirait d’appliquer la loi existante dans une interprétation minimale, en se contentant, faute de mieux, de réellement soumettre la vente des antibiotiques et des corticoïdes à une ordonnance médicale, pour voir le système se redresser un tant soit peu, et pour que les médecins de première ligne retrouvent leur place et jouent pleinement leur rôle en complémentarité réelle avec le secteur public.

Dr. Samy ALLAGUI

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